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Nous voici maintenant au début des années 1930. L'aviation
limousine a quitté Couzeix pour Feytiat. L'Aéro-Club du Limousin récemment fondé (1929), s'est installé sur une belle prairie entre St Lazare et Crézin, un ancien terrain militaire. En toile de fond, les collines de Crochat. Bien sûr, la route de Crézin coupe le terrain en deux et danger supplémentaire, le petit tramway départemental de Limoges à Eymoutiers circule sur l'un des bas-côtés. Mais l'essentiel est là, au Bar du Coup de Vent : la convivialité . |
Ci-dessous, encore une oeuvre de M. Pierre LAVAURS,
pionnier de l'aviation limousine que nous avons côtoyé sur son âge avancé.
Sur cette vue en direction de Limoges cette fois, les
spécialistes remarqueront la présence de deux
"Bessonneaux", hangars-reliques en bois et toile qui abritaient
les
machines volantes des aviateurs de la guerre de 1914. Ces deux-là, véritables
monuments historiques, seront toujours opérationnels -
recouverts de tôle il est vrai - en 1973, année du
départ pour les installations de Bellegarde .
Que sont-ils devenus ? La photo sépia
montre l'évolution du site, 1935 probablement : les
Bessonneaux sont toujours présents et tout près, déjà construite, la maison du gardien.
C'est l'ère du béton. Le voile aérien du grand
hangar est coulé. Cinq avions au sol déjà et au
moins un en vol - celui qui prend la photo. Faute de mieux, la bicoque
de l'Aéro-Club est toujours là pour quelques mois encore.
Dans l'angle inférieur gauche du cliché, le grand aérogare va être construit incessamment. Il sera démoli dans les années 1970 pour faire place à la Plaine des Jeux, puis au parcours de golf . . . Le petit tramway départemental a disparu. La seconde guerre mondiale n'est pas loin. |
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La photo verticale de l'IGN date du début des
années 1960 : on y remarque la piste en dur, la piste en herbe
et la cible de Raoul Clédassou, patron du Centre-Ecole Régional de
Parachutisme. La vignette en surimpression montre un élève en chute libre.
En haut et à gauche, la zone industrielle de Magré grignote déjà l'espace agricole. Et au bord de l'ancienne Natinale 20, subsiste encore le petit verger tout en longueur où un jour, trop court de 50 mètres, je fus forcé de poser mon planeur entre deux rangées de pommiers . . . émotion ! Les champs de culture de Laugerie, le petit village du Ponteix, au milieu et en bas du cliché, ne vont pas tarder à être investis dans une nouvelle entité: le Parc de la Valoine. Les jardins de la Villa-Gory et du Sablard, l'Ecole Normale, la guinguette : "Chez la Madelon" . . . et les champs de détritus dont les fumerolles permettaient aux planeurs en quête de performances débutantes, de se centrer sur les ascendances thermiques .
Devant le grand hangar, une petite partie du parc volant
de l'Aéro-Club du Limousin. Nous sommes là au
début des
années 1950. Des planeurs bien sûr : le C800,
biplace-école et un monoplace Grünau allemand ou un NORD
1300.
Au premier plan à gauche, le Stampe SV4, l'avion par excellence, biplan à moteur Renault "Gypsi-Major" de 135 CV, au pilotage d'une sensibilité inégalable. A droite, au second plan, un avion bi-dérive à aile haute, biplace côte à côte, le NC 853: visibilité excellente y compris zénitale, il eut été parfait pour la recherche aérienne archéologique mais l'idée était "déjà" prématurée.
Au premier plan, à droite, le Bücker 181
récupéré de la Luftwafe, ce fut l'avion de mon
apprentissage et de mon brevet de pilote : nostalgie.
En haut et à droite, une partie du parc des
planeurs avec au fond, le C 800, biplace-école en phase de
décollage au treuil. Au premier plan l'AVIA 15 A qui faisait
déjà figure de fossile volant.
Et puis - en haut, à droite - un peu de folklore :
au premier plan à droite, "la chiotte" -
ici une KZ Renault, mais nous avons connu des B2 et des B12
Citroën, voire au tout début un coupé Hispano-Suiza
-
véhicule utilitaire déplaçant les planeurs au sol
et remorquant au travers du terrain les 600 mètres de
câble d'acier nécessaires à leur lancement . Engin
insolite, épuré de tous accessoires superflus tels que
pare-brise, portières, garde-boues, batterie ... aux freins
incertains voire totalement inefficaces, situation acceptable sur
le
terrain plat des champs d'aviation : frein moteur obligatoire par
doubles-débrayages successifs jusqu'à la première
et
immobilisation garantie par mise à la masse de la
magnéto : un simple fil électrique que l'on crochetait sur
la planche de bord . . .en aluminium. Quelle école de
conduite ! Une auto-école au sens premier du terme .
Et puis, dans la même veine, on ne peut éviter de parler de la manoeuvre du treuil : puissant tracteur Ford modifié, roues arrières remplacées par des tambours enrouleurs de câble, crabotage sur l'un ou sur l'autre puis embrayage en 4ème obligatoirement et interdiction de caler, plein pot, la vie d'un copain entre les mains. Et, 400 mètres de câble enroulés, le pilote largait son attache. Alors il fallait faire preuve de doigté pour avaler ce câble qui tombait du ciel en volutes bondissantes, avant qu'il ne forme une perruque ravageuse. Et puis commencer à réduire doucement, doucement pour amener l'anneau de remorquage jusqu'à l'arrêt complet à deux mètres du treuil. L'apprentissage des responsabilités. Nous avions 16 ans, 18 peut-être . Heureux temps. |
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Il fut le premier instructeur
de l'Aéro-Club du Limousin : FERNAND MALINVAUD, ancien moniteur militaire. Ma génération garde le souvenir du voltigeur. On le voit ici en vol-dos au-dessus de Limoges sur son Gourdou "oscar zoulou" à moteur Lorraine. |
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Un homme affable Cheville ouvrière de l'aviation limousine durant près d'un demi- siècle, le mécanicien EDOUARD BOUDEAU au retour d'un vol d'essai sur Morane-Saulnier. |
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Les installations de l'Aéroport International de Bellegarde n'entretiendront jamais la convivialité qui règnait sur les terrains d'aviation d'antan. Et pour combien de temps encore la "petite aviation" sera-t-elle tolérée sur ces équipements à vocation purement commerciale ? |
Il y a 20 ans encore "les anciens de Feytiat" pouvaient se retrouver pour évoquer des souvenirs. Bien peu volaient encore. Mais depuis lors , j'observe qu'à bas bruit certains ont quitté la photo. |
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Crédit photo: COUZEIX, anonyme et Google Earth / Aviation Populaire, collection Firmin Voisin / Terrain de Feytiat en vertical, IGN / Tableaux " La Belle Epoque", M. Lavaurs / Parachutiste, Claude Lacan / Groupe "Les survivants", Lucien Lavaux / Mosaïque verticale de Bellegarde, reports archéo et infographie, Jean Régis Perrin. |